IMEON Energy : son onduleur "smart" fait le buzz
Le chiffre d'affaires gonfle à toute vitesse : +30 % par trimestre. IMEON Energy a inventé un onduleur intelligent pour installation solaire qui réduit d'un tiers le prix du kilowatt-heure. Née courant 2013, la solution brestoise séduit d'emblée les plus grands distributeurs de systèmes de production d'énergie renouvelable à travers le monde.
En réalité, la belle histoire a commencé en 2008. Cette année-là, Christophe Goasguen, alors ingénieur chez Thales, décide de lancer une activité qui réunit ses deux passions : le high-tech et les énergies renouvelables. Il crée la société IMEX-CGI, un bureau d'études spécialisé dans les systèmes de production d'énergie renouvelable. Son cœur d'activité est le sur-mesure : étudier les sources locales -le soleil, le vent- et le profil de consommation afin de concevoir l'architecture d'un système de production. En quelques années, IMEX-CGI étudie plus de 1000 projets. "En termes d'expérience, c'est énorme. Ça nous a apporté une connaissance approfondie des technologies et des problématiques de terrain."
Une gestion de l'énergie du type smart grid
En particulier, le jeune entrepreneur constate trois défauts : les systèmes traditionnels de production d'énergie renouvelable avec stockage sont complexes ; le stockage systématique occasionne des pertes de rendement ; les batteries sont très sollicitées ce qui réduit leur durée de vie. D'où l'idée de placer, au centre du système, un onduleur intelligent qui agit en chef d'orchestre pour sélectionner la meilleure source à chaque instant. L'onduleur est ainsi raccordé aux sources de production d'énergie, généralement le solaire, au stockage sur batterie, éventuellement au réseau électrique s'il est disponible, et au bâtiment à alimenter.
Sur ce concept, Christophe Goasguen crée en 2013 une deuxième société dont l'enseigne est IMEON Energy. Celle-ci développe l'onduleur IMEON, dont le principe de base est relativement simple : il consomme directement l'énergie produite localement et ne stocke sur batteries que l'excédent. Avec pour premier avantage d'éviter les pertes occasionnées par la transformation pour stockage lorsqu'elle est inutile. Ce qui occasionne un gain de rendement de 30% et donc un prix de revient du kilowatt-heure réduit d'autant. Autre avantage, les batteries étant moins sollicitées, leur longévité augmente. "Au moins deux fois plus longtemps", précise le dirigeant.
Après un an d'existence, l'international
IMEON est commercialisé auprès d'ensembliers qui composent autour de l'onduleur une solution complète avec panneaux solaires, batteries, équipements de fixation et câblage. Les premiers retours sont favorables, si bien que l'entreprise tente dès 2014 le pari de l'international en présentant son produit au salon Intersolar de Munich. D'emblée, il suscite l'enthousiasme : "Même si nous sommes une toute petite marque, notre produit a été remarqué parce qu'il est très innovant. Nous avons tout de suite accroché de très gros distributeurs à travers le monde. Aujourd'hui nous avons signé plus de 30 contrats, dont 25 à l'étranger, et une vingtaine d'autres sont en négociation."
Le chiffre d'affaires, qui devraient se situer entre 1,5 et 2 millions d'euros en 2015, est réalisé à 80% à l'export. Les motivations de l'utilisateur final varient selon la localisation : en Europe, ce sont des particuliers sensibles aux arguments écologiques ; en Afrique, il s'agit surtout de pallier l'instabilité du réseau électrique ; en Asie, c'est souvent le prix avantageux du kilowatt-heure qui fait la décision. Depuis juin, IMEON Energy commercialise un modèle plus puissant, 9 kWh, qui lui ouvre de nouvelles portes sur le marché du tertiaire et de la petite industrie.
Une foule de perspectives
D'autres projets sont à l'étude, dont celui de micro-centrales virtuelles, qui permettront de mutualiser la gestion de production/consommation d'énergie. "Imaginons un quartier entier où chaque maison est équipée du système. L'idée, c'est que l'excédent de chacun puisse alimenter les voisins, grâce à un pilotage central assuré par un aggrégateur. Pour moi, c'est l'avenir. Nous travaillons en R&D pour nous positionner sur le sujet."
Le marché est résolument porteur, mais les concurrents sont "de très grosses sociétés". Si bien que Christophe Goasguen se prépare à donner "un coup d'accélérateur". Il compte s'en donner les moyens dès le début 2016.