Facetts : Vie privée, Fun & BZH
C'est ainsi que la startup se définit dans son "À propos". Vie privée, parce que Facetts est une application de social messaging basée sur la maîtrise de ses données personnelles. Fun, parce que le service se veut aussi sympa, drôle et viral. BZH, parce que l'équipe est convaincue que, de Rennes, elle pourra conquérir le monde.
C'est une sorte d'anti-modèle de Facebook. Quand la plupart des applications sociales sont basées sur la collecte de données personnelles pour monétiser leurs services, Facetts prend l'exact contrepied en faisant du respect de la privée l'argument qui doit lui permettre de séduire le plus grand nombre.
Donc pas d'identifiant unique pour se connecter mais, au contraire, de multiples facettes que l'on choisit ou non d'exposer : une facette sport pour chatter avec les potes du club, une facette jeux vidéo pour recruter du gamer insomniaque, une facette pro qui ne montre qu'un saint doublé d'une bête de travail… Bref, autant de facettes qu'on le souhaite, dont on contrôle le profil et que l'on peut effacer à volonté.
La boîte à outils pour rencontrer
"C'est comme dans la vraie vie", explique Valère Fedronic, "d'abord on discute, on devient ami plus tard. Quand je rencontre quelqu'un, je veux pouvoir lui laisser un lien de communication mais rien de plus. C'est comme ça qu'est née Facetts, pour être dans le monde numérique et connecté sans pour autant être totalement transparent."
Quand on installe Facetts, on ne vous demande rien : pas de numéro de téléphone, pas d'adresse mail. Non plus de date de naissance ou coordonnées GPS collectées à votre insu. "On n'en veut pas !", proclame le jeune dirigeant. Un pseudo suffit pour être aux commandes de l'application : vous créez une facette éphémère qui vous servira le temps de vendre un objet, une facette publique associée à des mots clés pour échanger avec qui partage les mêmes centres d'intérêt, une facette que vous exposerez pour rencontrer les gens "grâce au radar". Ce radar est une fonctionnalité basée sur Bluetooth qui détecte à proximité les autres adeptes de la messagerie ouverts à la rencontre.
Car c'est aussi cela Facetts, un ensemble d'outils pour engager le dialogue : un chifoumi (jeu pierre-feuille-ciseaux) idéal "pour briser la glace", un outil pour créer des sortes de selfies vidéo qui serviront de profils animés associés aux facettes, des stickers animés, du live chat… "Ce que nous disent les premiers utilisateurs, c'est qu'avec Facetts ils se permettent de se marrer. Nous, ça nous fait très plaisir, parce que ça veut dire que les gens ont confiance. Et qu'avec la confiance, ils retrouvent de la spontanéité."
Messagerie instantanée : une tendance qui monte
Tout ceci est très plaisant pour l'utilisateur, mais comment faire bouillir la marmite ? Pour Valère Fedronic, c'est clair : "Nous avons une idée précise du modèle économique". Ce modèle est un panachage entre freemium et m-commerce : gratuit pour les fonctions de base, payant pour les commerces titulaires d'un "compte officiel" permettant de profiter de la messagerie pour entretenir un lien privilégié avec leurs clients.
Avec aussi "un set d'outils en option" : pour organiser la relation client, lancer une campagne marketing, disposer d'un chatbot ou agent conversationnel… "Facetts est un nouveau canal marketing, respectueux de la vie privée et très pratique à l'usage. Pour un commerce, ça coûte bien moins cher que de créer sa propre appli. En plus, c'est dans l'air du temps. On peut envoyer des messages à gratter, à secouer…"
Reste que pour envisager que les commerces soient intéressés, il faut que l'application soient largement diffusée. Une condition que Facetts s'efforce de remplir au plus vite. "Nous en sommes là aujourd'hui. Nous nous focalisons sur l'usage pour élargir la base d'utilisateurs sans perdre de vue notre plan pour monétiser."
Une potion bretonne destinée à s'exporter
La société Facetts existe depuis l'été 2015. Elle table sur l'attractivité de l'application pour construire à Rennes et en Bretagne "une concentration d'utilisateurs" afin de "tester la viralité". Ensuite, les deux cofondateurs accompagnés par un Business Angel savent qu'il faudra aller très vite et se projeter à l'international : "Il y a du monde sur le sujet, nous ne sommes pas les seuls. Nous travaillons à préparer un tour d'amorçage pour accélérer. C'est important pour nous de faire partir Facetts de Bretagne. Nous sommes Bretons et têtus. Quand il faudra bouger, on bougera. Mais ce jour n'est pas arrivé."